Ça faisait un bout de temps que je me tâtais.
Est-ce que j'allais finalement me décider à voir ce machin où on nous annonce Kurt et Courtney dans l'intimité de la salle de bains?
Est-ce que j'avais vraiment envie d'en savoir plus que ce que le bouquin de Michael Azerrad nous raconte?
Est-ce que des scrupules concernant l'intimité de quelqu'un dont a lu "le journal" sont pas un peu hypocrites?
Est-ce que le fait que Buzz Osbourne qualifie ce documentaire de foutaise à 99% n'est pas une promo machiavélique (bizarrement, depuis que j'ai lu son intervention, j'ai vraiment envie de le voir)?
C'est avec la ferme envie d'échapper à ces questions que je me suis lancé dans la lecture de I Found My Friends: The Oral History of Nirvana de Nick Soulsby.
Si vous êtes comme moi et que vous savez pas qui c'est, voilà quelques infos glanées à droite à gauche :
- le bonhomme tient un site consacré à Nirvana que j'avoue ne pas avoir fréquenté
- on lui doit la sélection de groupes présents dans la compilation "No Seattle, Forgotten Sounds Of the North-West Grunge Era 1986-97" de Soul Jazz Records
- il a écrit un bouquin apparemment consacré à Incesticide
Bref, voilà pour les présentations, passons au livre, qui s'avère être pointu, bien documenté, et original. En effet, il est presque uniquement composé de souvenirs de groupes ayant partagé la scène avec Nirvana. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ces témoignages apocryphes sont assez loin des épisodes habituels auxquels on a droit (les quelques photos présentes sont dans la même veine : des photos amateurs qui changent un peu des mêmes clichés promo qu'on nous sert régulièrement)
Grâce aux plus de 200 groupes avec qui il a pu échanger, de punk house show en fête d'anniversaire, de squat en cinéma porno réhabilité, on peut agréablement réviser la géographie des lieux de concerts de l'Etat de Washington de l'époque (Raymond, Tacoma, Ellensburg, Olympia, etc.) tout en s'attardant sur des moments que l'hagiographie officielle n'a pas le temps d'aborder.
Ça commence au tout premier concert, en mars 1987, alors qu'ils n'avaient pas encore de nom (par la suite, ils en essaieront tout un tas : Skid Row, Pen Cap Chew, Bliss , Ted Ed Fred) et ça se finit, après la mort de Kurt Cobain, par un inventaire de tous les autres musiciens de "la scène" morts depuis.
Bref, pour le nirvanophile qui sommeille en nous, ce livre est précieux à double titre :
- il complète de manière assez détaillée les différentes vies que Nirvana a pu avoir (une timeline en fin de livre achève de rendre la chronique minutieuse et presque exhaustive)
- pour les plus curieux, il permet de découvrir plein de groupes pas forcément connus ce qui est une excellente manière de prendre le pouls de ce que fut la "scène de Seattle" au delà des quelques poids lourds que tout le monde connaît.
J'ajoute, en guise de bonus de fin de post, que les membres de groupes interviewés ne sont pas tous obscurs. Voici, dans le désordre, quelques uns des guest stars témoignant dans le livre :
Gerald Love (Teenage Fanclub)
Kurt Danielson (Tad)
Mark Pickerel (Screaming Trees)
Troy Von Balthazar (Chokebore)
Steve Diggle (Buzzcocks)
Jad Fair (Half Japanese)
Paul Leary (Butthole Surfers)
Steve Turner (Mudhoney)
Jello Biafra (Dead Kennedys)
Merci aux trois personnes au fond de la salle qui m'ont lu jusqu'au bout ^_^
(Beware, le livre est en anglais)