Aujourd'hui, Santiago-le-daltonien va vous parler d'une BD old cool.
Cette BD est consacrée au secret le mieux gardé du Greenwich Village du début des années 60. Karen Dalton donc. Une chanteuse folk blues trop intense et trop détachée de la modernité, même pour un repère de revivalistes folkeux tradis comme l'était le Village à cette époque. Songez donc que cette madame aimait jouer uniquement en live pour une poignée de gens, les yeux fermés et accompagnée de son banjo.
Ce dont j'avais pas du tout idée, et qui ressort régulièrement tout au long de ces pages, c'est qu'elle ne voulait absolument pas enregistrer de disque. Quand bien même ses pairs, et un certain nombre d'envoyés de maisons de disques qui prospectaient dans le Village à la recherche du nouveau Bob Dylan, lui répétaient que sa voix était incroyable (c'est bel et bien vrai).
Ce qui ressort également, c'est la faune d'artistes en devenir qui gravitait dans cet espace-temps devenu mythique : outre le dénommé Dylan, on y croise Tim Hardin, John Philips et Mamma Cass (une moitié de The Mamas and The Papas donc), Richie Havens, etc.
Ce qui ne ressort pas, et ça paraît normal, c'est le mystère intérieur de cette madame. Qui semble rebondir d'une vie à l'autre sans fil directeur, de NY au Colorado, d'une vie de bohème à une vie de famille en passant par un certain nombre de nuances intermédiaires entre l'une et l'autre.
Bref, pour finir de recommander cette BD pointue, un petit mot sur ses auteurs. Ana Rousse, au dessin, je ne la connais pas mais elle a un trait riche en détails et textures qui rend trop bien. Et Cédric Rassat, je connais ce nom, c'est celui du rédac chef de cette revue incroyable qu'était Eldorado, mi-indie mi-americana, en plein dans le mille de ce que j'écoute habituellement.
Bref, sans surprise, tout ce beau linge nous a gratifié d'une très belle réussite.