Smells like teen spirit

mardi 16 août 2011

Dans la série "la BD c'est cool, ya plein de super bouquins mais je les découvre 10 ans après tout le monde", voici deux merveilles d'albums qui traitent du même sujet avec génie.

 

L'adolescence.

Cet entre-deux âges mystérieux, à mi-chemin entre la débilité la plus profonde et la lucidité la plus noire, ne laisse pas d'inspirer des artistes de tout poil (Kurt Cobain, Sofia Coppola pour n'en citer que deux) et on est toujours surpris de voir qu'un nouveau regard est  possible.

 Black Hole (Charles Burns)

Il est ici question de petits nageurs teenagers américains des années '70 confrontés à une obscure MST qui les fait muter chacun de manière différente.
Machin a une bouche qui lui pousse dans le cou, Bidule perd régulièrement sa peau, Trucmuche a une petite queue qui lui pousse dans le derrière (mmh, je sens qu'avec cette dernière phrase, google va nous attirer tout un tas de drôles de visiteurs qui vont être déçus par la teneur de cet article) et ainsi de suite.
Le plus cruel dans tout ça, c'est pas forcément la mutation, c'est le milieu dans lequel elle se déclare (rappel : les ados) avec son lot de regards obliques, de chuchotements dans le dos, de moqueries pas très fines, et d'exclusion sociale.
C'est malsain comme un film de Cronenberg et ça regarde l'adolescence comme dans un film de Gus Van Sant.
Bref, ça fascine autant que ça repousse.
Et ça redonne tout son sens au mot freak.

 Quartier Lointain(Jiro Taniguchi)

Dans ce manga en deux volumes, un architecte de 48 ans se réveille 34 ans plus tôt.
Il reprend donc sa vie telle qu'elle l'était à l'âge de (quatre moins trois un, huit moins quatre quatre) 14 ans tout en se souvenant de sa presque cinquantaine écoulée.
Son adolescence (les cours, les rites d'initiation, les flirts, les bagarres) est ainsi redécouverte avec les yeux d'un adulte et ce décalage fait merveille.
Car, du coup, cette période d'incertitude qu'est habituellement l'adolescence se révèle beaucoup plus facile à affronter mais aussi  plus triste puisqu'il sait déjà ce que réserve l'avenir à sa famille, à ses camarades de classe et très vite, lui viennent la peur puis l'envie d'infléchir le cours des choses.
Quand bien même cette adolescence japonaise des années soixante ne serait pas la nôtre, c'est un pur moment de nostalgie et ce n'est pas le moindre des mérites de ce livre que d'avoir réussi ce coup là.

 - BONUS -

La coïncidence marrante
Charles Burns aurait fait une partie de ses études avec Matt Groening, le créateur des Simpsons (quel rapport avec l'autre Monsieur Burns? A priori aucun)

Le flash back grunge
Charles Burns a fait la pochette de Brick by Brick d'Iggy Pop ainsi que plusieurs illustrations pour le fanzine/label Sub Pop dont la célèbre pochette de la compil' Sub Pop 200 (1988) qui regroupe la fine fleur du rock made in Seattle et ses alentours (Tad, Nirvana, Mudhoney, Soundgarden, Green River, Screaming Trees, Beat Happening, etc.).

 


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