Alerte orange.
Que le ministre de la culture achète des vaccins de toute urgence.
Une épidémie de synesthésie s'est abattue sur le territoire français.
Sa progression est lente mais sûre, elle s'étale sur plusieurs mois, voire plusieurs années.
Le phénomène a été difficile à identifier car il s'agit d'une déclinaison assez exotique (musique -> luminosité) qui ne touche qu'une partie ciblée de la population (les journalistes musicaux). Heureusement, la puissance des nouvelles technologies a permis, in fine, de s'en apercevoir.
L'étude scientifique ci-dessus ne s'attarde que sur un échantillon restreint (la population Les Inrocks) mais des signes de contagion ont déjà été observés ponctuellement dans des publications qu'on croyait mieux protégées (Eldorado Magazine, Noise).
Les symptômes les plus répandus sont une hypotrophie des oreilles et une hypertrophie des yeux (les sujets observés n'écoutent pas la musique : ils posent sur elle un regard).
A des fins de sensibilisation, voici différents extraits illustrant les ravages actuels, toujours sur notre échantillon Les Inrocks :
Les causes d'apparition possibles de la maladie sont encore mal connues mais on évoque pêlemêle la chronique intensive d'albums (certains spécialistes vont jusqu'à parler de plus d'une centaine d'oeuvres chroniquées pour un sujet donné), le manque d'imagination, et le manque de temps.
Parce qu'un citoyen averti en vaut deux, la plus grande vigilance s'impose à tous : si autour de vous, un proche se met à parler musique à l'aide de l'adjectif "lumineux", lavez-vous les oreilles avec le plus grand soin...