Incesticide (Laisse parler les albums)

mercredi 4 janvier 2012

Maintenant que 2011 est fini, on peut enfin tourner la page des commémorations du vingtième anniversaire de Nevermind ("regardez, le bébé dans la piscine est devenu un jeune homme").

Selon toute vraisemblance, en 2012, pas grand monde ne pensera à commémorer les 20 ans d'Incesticide, l'abum de faces B, reprises et autres raretés sorti par Geffen et Sub Pop en '92.

Pourtant, de tous les albums sortis du vivant de Nirvana, Incesticide est peut-être leur album le plus touchant, le plus mystérieux, et le plus intime.

Si on pouvait laisser parler les albums, on s'en apercevrait tout de suite parce qu'ils racontent tous une ambition, une histoire. Pas comme dans un concept album hein mais ils ont tous une idée à défendre, un truc à prouver.
Dans le cas de Nirvana, ça donnerait quelque chose comme ça :

Bleach : Regardez-nous, on est un groupe de punks de Seattle.

Nevermind : Regardez-nous, on est un groupe de punks de Seattle qui veut/va casser la baraque.

In Utero : Regardez-nous, on est un groupe de punks de Seattle qui a cassé la baraque mais qui est resté fidèle à ses valeurs.

MTV Unplugged in NY : Regardez-nous, on est un groupe de punks de Seattle qui a cassé la baraque, qui est resté fidèle à ses valeurs, et qui peut les décliner en un set demi-acoustique.

Incesticide, lui, nous dirait plutôt : euh, ne nous regardez pas trop, on sait pas qui on est, on sait pas encore qui on veut être. On est des freaks.

Faut avouer que dans le genre monstrueux/difforme, Incesticide c'est le clou du spectacle :

- un pied dans le punk des '80s (Beeswax)

- un pied dans la twee-pop des Vaselines (Molly's Lips, Son of a gun)

- un pied dans une punk pop mutante (Dive, Been a son)

- un pied dans K Records (Sliver)

- un pied dans le post punk (Hairspray Queen, Turnaround)

- un pied dans le n'importe quoi  (Big long now, AeroZeppelin, Mexican Seafood)

- un pied dans ta gueule (Aneurysm)

De l'aveu de Kurt Cobain himself :

Il y a là l'explication du genre de groupe qu'on était à nos tout débuts : manifestement une copie de Gang of  Four et de Scratch Acid

Alors, voilà, éclatez-vous bien en 2012, et si vous avez  44 minutes et 44 secondes devant vous, je ne saurais trop vous conseiller de vous replonger dedans.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *